Déchirer le grand manteau noir, Aline Caudet, Viviane Hamy
Carnet de lectures · 17 mai 2024
Le Je qui écrit ici est-il une autre ? Annoncé — trompeusement ? — comme roman en première de couverture, Déchirer le grand manteau noir d'Aline Caudet a tout des codes de l’autobiographie, sans s'en réclamer. Cet écrit cathartique fait œuvre de résistance intérieure pour les traumatismes vécus. Bien trop maladroitement.

Les Vallées closes, Mickaël Brun-Arnaud, Robert Laffont
Carnet de lectures · 14 mai 2024
Oubliée la Provence de Pagnol et de Giono ! Oubliés le bleu têtu du ciel lavé par le Mistral, le chant lancinant des cigales, les senteurs de la lavande et des figuiers, des herbes de la garrigue, le temple sombre et silencieux des oliviers, le murmure frais des fontaines et le tranchant des crêtes des Alpilles palpitant dans l’épaisseur de l’air chaud. Ce qui macère dans Les Vallées closes de Mickaël Brun-Arnaud est laid et gratuitement vulgaire. Vite de l'air frais ! Vite de la lumière !

L'Enfant rivière, Isabelle Amonou, Dalva
Carnet de lectures · 03 mai 2024
2030. 6 ans auparavant, un drame a eu lieu, éloignant Thomas de Zoé. Leur monde a changé ; le nôtre aussi. Isabelle Amonou a placé son roman à peine quelques années au-devant de notre temps. Cette anticipation infime évite les pièges de la dystopie traditionnelle. Confier la narration à une 3e personne non omnisciente entretient la tension sans faiblir contribuant au plaisir pris à la lecture de ce roman dur et dérangeant, désenchanté, parfaitement maîtrisé tant dans le fond que la forme.

Le Gardien de Téhéran, Stéphanie Perez, Plon
Carnet de lectures · 18 avril 2024
D’après une histoire vraie. Le Gardien de Téhéran retrace la vie d'un homme ordinaire au destin extraordinaire dans un pays à l’histoire récente tumultueuse. Ce roman fort bien documenté couvre 5 décennies et tisse l’histoire singulière d’un homme modeste, discret et peu cultivé à celle d’un musée et à celle, plus large, d’un pays dont Stéphanie Perez restitue toute la complexité. À lire avec l'actualité iranienne en tête.

Ce qu'il reste à faire, Marie de Chassey, Alma Éditeurs
Carnet de lectures · 08 avril 2024
Un premier roman tout en retenue certes, mais profondément dérangeant sur un deuil impossible et la difficile bien qu’absolue nécessité d’être à l’écoute de la personne que l’on accompagne dans sa fin de vie. Un huis-clos mère-fille inquiétant, une mère possessive, une fille mutique, avant une fin apaisée.

Client mystère, Mathieu Lauverjat, Gallimard
Carnet de lectures · 03 avril 2024
Roman d’une époque qui déshumanise les siens, le premier roman de Mathieu Lauverjat est un roman noir, vide d’espoir qui interroge la place de l’homme pris dans les tentacules d’une société en pleine transformation. Sur le papier cela s’annonce captivant, mais le résultat, dans sa forme, est fastidieux. Il m’a manqué la subtilité du propos — juste, au demeurant — pour adhérer pleinement à Client mystère dont le sujet est sapé par une forme indigente. Une déception.

Les Guerres précieuses, Perrine Tripier, Gallimard
Carnet de lectures · 27 mars 2024
Les Guerres précieuses est un roman en état de grâce, le premier d’une toute jeune autrice dont j’admire l'acuité du propos et l’élégance de l’écriture habiles à nous transporter, en peu de pages, des possibles de l’enfance aux renoncements de la vieillesse, de la douce fraîcheur d’une pluie d’été à la froideur d’une grande Maison recroquevillée sur un temps perdu. Intensément émouvant. Une merveille.

Brûlez tout !, Henri Guyonnet, Anne Carrière
Carnet de lectures · 20 mars 2024
Le premier roman d’Henri Guyonnet est une exofiction, genre littéraire poreux entre faits réels et fiction. S’emparant de la fin de vie de Rimbaud, s’invitant dans les béances qu’offre la réalité historiquement vérifiable, l'auteur lui substitue une vérité romanesque, bricole pour combler les trous, recompose les éléments glanés grâce à un immense travail de documentation qu’il faut saluer. Pour autant, je n'ai pas été séduite par la construction paresseuse choisie.

Carnet d'un voyage qui n'a pas eu lieu, Jean-Claude de Crescenzo, Decrescenzo Éditeurs
Carnet de lectures · 12 mars 2024
Penser un récit à travers l’image. Le voyage du carnet n’a pas eu lieu, du moins n’a-t-il pas eu lieu ailleurs que dans le regard que l’auteur pose sur les photos noir et blanc de trois photographes coréens, et quelques autres issues de collections privées. On voyage d'une photographie à l'autre à la rencontre d'une Corée non idéalisée, presque radicale. C’est une atmosphère, un état d’esprit, en aucun cas un reportage qui voudrait documenter le pays au mitan des années 1980. Un bel objet.

L'Allègement des vernis, Paul Saint Bris, Éditions Philippe Rey
Carnet de lectures · 16 février 2024
Le moment ne serait-il pas venu de faire émerger Monna Lisa de sa ❝marée verdâtre❞ en allégeant les vernis ? Qui pour cette opération périlleuse ? Paul Saint Bris mêle avec une aisance confondante documentaire (on y apprend beaucoup tant sur l’art de la restauration et la gestion des collections que sur la vie intérieure d’un grand musée), suspense (on retient son souffle comme on aimerait retenir les pinceaux du restaurateur) et satire (on glousse avec délice). Réjouissant.

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