Octobre 1799. Le général Bonaparte débarque en Provence après deux années passées en Égypte. Arrivé à Paris, ne trouvant pas Joséphine à leur hôtel particulier, il se rend chez Barras, persuadé que l'homme influent du Directoire, ancien amant de son épouse, sait où la trouver. S'ensuit un duel virtuose entre deux animaux politiques dotés d’une formidable mécanique intellectuelle, dont l’un est sur le déclin alors que l’autre sait qu'un destin s'offre à lui. Un texte en tension passionnant.
À la fin de Il est juste que les forts soient frappés, nous avions laissé Théo au bord d’une nouvelle vie avec Cléo rencontrée au moment où son épouse Sarah se mourait d’une récidive de son cancer. Y était esquissée avec délicatesse la difficulté de recomposer une famille qu’une tragédie venait de toucher au cœur. Thibault Bérard fait le choix d’écrire l’histoire d'après, celle de cette famille qui, pétrie de bons sentiments, reste à inventer.
Après le remarqué Sœur en 2019, premier roman bien ancré dans notre paysage social actuel, Abel Quentin récidive avec Le Voyant d’Étampes qui a reçu, entre autres, le prix de Flore 2021. On suit les heurs (rares) et malheurs (nombreux) du désabusé Jean Roscoff dans un XXIe siècle qu’il ne comprend pas, qui ne le comprend pas. Abel Quentin égratigne les dérives de notre époque, d’une plume juste, féroce, réjouissante bien que trop bavarde.
Le premier roman adulte d’Anne-Fleur Multon, Les Nuits bleues, raconte l'amour naissant entre deux femmes dans un monde à l'arrêt, celui du confinement au printemps 2020. Comment se découvrir et s'aimer à distance ? Une histoire convenue, noyée dans un magma d'effets narratifs qui m'ont agacée avant de finir par me lasser.
Voilà un 1er roman à lire toutes affaires cessantes. Qui n’a pas eu envie, ces derniers temps, de sentir le sel des embruns et la fraîcheur du vent, de se noyer dans l’azur limpide du jour et la noirceur lumineuse du ciel nocturne, de rire avec les mouettes, d’être réconforté par les éclats sourds de lointaines conversations bon enfant. L'Enfant céleste est tendre et poétique, à l’image de la superbe couverture de Tristan Hollingsworth.
Un titre qui accroche, une 1re de couverture qui attire autant que la 4e repousse : bref, entre Thibault Bérard et moi, c’était pas gagné. Malgré les chroniques toutes très enthousiastes et sans les #68premieresfois, je crois qu’on en serait encore à s’ignorer superbement tous les deux. Il est juste que les forts soient frappés est un roman dur et beau. Un texte en état de grâce, une ode à la vie.
Il est beau le dernier roman de Sigolène Vinson, douloureusement beau. La Canine de George n’est pas qu’un récit prétendument halluciné ; je doute même qu’il le soit tout à fait. C’est surtout la mise à l’épreuve d’une quête que jalonnent des fulgurances terribles à l'heure où s'ouvre le procès de l'attentat de Charlie Hebdo.
Pour son 1er roman, Abel Quentin, avocat, a fait le choix courageux d’écrire sur un thème risqué en diable par les temps que nous connaissons : l’embrigadement d’une jeune Française de 15 ans. Embrigadement et non radicalisation : une nuance qui a son importance ici, car l’adolescente n’était auparavant ni pratiquante ni croyante.
Soeur est un roman vers lequel je ne serais pas allée s’il n’avait pas fait partie de la sélection des 68 premières fois. Et pourtant...
Vladimir et Édith Savidan, leur fille Anka vivent à Kerlé, petit bourg breton d’à peine 12 437 habitants, au bord du golfe de Gascogne.
Le deuxième roman d’Odile d’Oultremont s’ouvre ce jour tempétueux de février 2017 où Vladimir, marin-pêcheur à bord du Baïkonour, disparaît. L’océan a vomi le bateau, englouti l’homme.
Alors qu’en l’absence d’un corps à enterrer, Édith s’enfonce dans le déni, Anka entre en résistance, portant seule le deuil de ce père tant aimé.