Le temps est un phénomène de perspectives.
Jean Cocteau
Les trois temps du roman :
- le temps de l’écriture, c’est-à-dire l’époque à laquelle l’auteur a écrit le roman ;
- le temps de l’histoire ou l’époque à laquelle les faits se déroulent, et l’ordre dans lequel ils se succèdent ;
- le temps de la narration ou du récit, ce moment où le narrateur raconte les événements, l’ordre - chronologique ou non - dans lequel il les rapporte, le rythme qu’il choisit pour les raconter.
C'est à ce dernier qu'est dédié ce billet, car pour un auteur, décider quel sera le temps de son récit est un point épineux. Faut-il l’ancrer dans le présent ? le raconter au passé ? sont à juste titre les toutes premières questions qu’il se pose.
Le choix du système verbal est souvent source d’hésitations, car le temps du récit, du texte écrit, ne correspond pas au temps de l’histoire, celui des événements racontés. En d'autres termes, le récit - diegesis - n'est pas un calque fidèle – mimesis - de la réalité. En effet, le roman possède son temps propre, fait d’ellipses, de prolepses, d’analepses, de pauses, etc.
Choisir le système verbal doit être mûrement pesé, car plusieurs aspects du récit s’en trouveront affectés et tous les temps verbaux utilisés dans le récit découleront du système choisi. C'est le moment où se situe l'action, par rapport à la chronologie de l'histoire, qui aidera à déterminer le temps de verbe à utiliser à l’intérieur du système verbal.
Le système verbal au passé :
passé simple VS passé composé
Le passé simple est souvent utilisé pour des récits dont l’action se situe dans un passé plus ou moins lointain. Est-il nécessaire de dire que ce temps - très littéraire - n’est employé qu’à l’écrit et suppose un registre de langue soutenu ? Écrire le récit au passé simple implique de faire usage de l’imparfait pour toutes les descriptions, ce qui créera une atmosphère, donnera un ton. Dans un récit au passé simple, le recours au plus-que-parfait permet de fournir des explications sur des faits qui nécessitent un nouvel éclairage, ou bien éclaire les faits présents à la lumière du passé. L'alternance du passé simple et de l'imparfait a une fonction contrastive qui oppose deux plans distincts : les formes au passé simple installent au premier plan les événements et les actions qui se succèdent et font progresser le récit, alors que les formes à l'imparfait dessinent la toile de fond de la trame narrative.
Le passé composé marque l’aspect accompli de l’action. Les temps des passages descriptifs seront selon le cas, le présent ou l’imparfait. Ce temps de narration sied aux récits qui racontent une action ancrée dans le passé, mais néanmoins contemporaine. C’est pourquoi on dit souvent que le passé composé est un accompli du présent. Marcel Pagnol le trouvait « imprécis, médiocre, bête et mou » car, avec le passé composé, l’histoire semble finie avant d’avoir commencé.
Il est vrai qu’une narration au passé composé est statique au contraire d’une narration au passé simple, plus dynamique.
Le système verbal au présent
Dans un tel système, le présent est non seulement le temps de la narration, mais aussi celui des descriptions. S’il constitue le socle du récit, il peut être associé à une riche palette de temps tels le passé composé, l'imparfait, le plus-que-parfait, les futurs simple et antérieur, les conditionnels présent et passé.
Dans un tel système, le présent raconte l’action en cours, au plus près de l’immédiateté du vécu. Le narrateur fait figure de reporter qui vit l’événement en même temps qu’il le raconte. Faut-il y voir une impossibilité logique ?
Dans le système verbal au présent, le passé composé est réservé aux actions qui se sont déroulées avant l'action en cours, le conditionnel indique ce qui pourrait ou aurait pu avoir lieu si certaines conditions faisaient partie du contexte auquel l'action en cours est circonscrite et enfin l'imparfait fait référence à un événement qui a eu lieu dans le passé par rapport à l’action en cours.
Définir le moment de la narration
L'auteur doit se demander à quel moment son narrateur se situe par rapport aux événements qu’il raconte.
Si le narrateur se place après les péripéties qu’il rapporte, il s’agit d’une narration ultérieure et le récit emploie donc les temps du passé - le passé simple et l’imparfait, en particulier.
Si le narrateur se situe au moment même où les événements se déroulent, il s’agit de narration simultanée, et le récit est majoritairement écrit au présent, car le narrateur raconte les
événements qu’il est en train de vivre.
Enfin, si le narrateur se place avant que les événements ne se produisent, il s’agit de narration antérieure. Un
tel procédé est toutefois rare et réservé à un bref passage d’un récit. Il peut relever, par exemple, d’une forme d’anticipation,
tels un rêve ou une prémonition. Le récit s’écrit alors au futur. Mais les exemples réussis sont rarissimes.
Choisir l’ordre de la narration
S’il est fréquent que le narrateur raconte les événements dans l’ordre où ils se sont produits, il arrive cependant que l’écrivain décide de bouleverser la chronologie des événements par des ruptures temporelles, on parle alors d’anachronie - en opposition à synchronie.
Rien n’empêche l’auteur de jouer avec le temps des horloges et il ne s’en prive pas !
Ainsi, il peut revenir sur des faits passés, ou bien anticiper de futurs événements, comme il peut tout autant décider de plonger le lecteur au cœur de l’histoire, in medias res, ralentir, accélérer, développer un épisode particulier ou, au contraire, passer sous silence des semaines, des mois, voire des années. Tout ce qui vient perturber une chronologie lisse et convenue participe à ébranler les certitudes du lecteur et... à le ferrer !
Le retour en arrière : analepse
Le récit rétrospectif opère un retour sur des événements passés, antérieurs à ce que le narrateur est en train de raconter. C’est le cas quand, par exemple, un personnage se remémore certains faits de sa tendre enfance. L’analepse est un pont jeté vers le passé. La plupart du temps, la principale fonction de ces retours est d’expliquer la situation présente, de légitimer les actions du personnage.
Dans un récit ayant pour temps de référence le passé, ces retours se font généralement au plus-que-parfait et autres temps composés du passé.
L’anticipation : prolepse
L’anticipation, qu'elle s'étale dans un long passage ou se borne à une seule phrase, annonce des événements futurs censés ne se produire qu’après ce qui est en train d’être raconté.
Cette fonction d'annonce concourt à établir la cohérence à long terme du récit.
Dans un récit ayant pour temps de référence le passé, les anticipations se font souvent aux conditionnels passé ou présent, car ces temps ont une valeur de futur dans le passé (futur antérieur passé et futur antérieur).
L’anticipation fait que le narrateur, qui manifeste ainsi son omniprésence, joue avec le lecteur en relançant son attente et son intérêt et en attisant sa curiosité pour les rouages de l'intrigue.
Donner le rythme de la narration
Nous avons vu que le récit ne peut pleinement coïncider avec la réalité. Le narrateur ne peut jamais tout raconter et va donc avoir recours à des procédés d’accélération ou de ralentissement, s’employer ici à rapporter en détail des événements précis, là à en résumer brièvement d’autres, voire à en taire certains.
Quels sont ces procédés ?
- La scène dans laquelle le narrateur développe un temps fort de l’histoire. Le temps de la narration correspond peu ou prou au temps de l’histoire.
- Le sommaire où le narrateur passe rapidement sur des événements sans grande importance, mais qui aident à la transition entre deux scènes. Le sommaire prend en charge, en les résumant de manière plus ou moins concise, les moments de transition et les informations nécessaires à la compréhension de l'intrigue, préparant ainsi le terrain pour les scènes où se concentre traditionnellement tout l'intérêt dramatique du récit.
La pause et l’ellipse, quant à elles, constituent les deux points extrêmes de la vitesse d’avancement d’un récit et... aucun de ces procédés narratifs ne raconte quelque chose, ce qui n'est pas le moindre des paradoxes !
- La pause permet au narrateur de figer l’écoulement du temps de l’histoire pour s’attarder à décrire un lieu, un personnage, ou encore à faire un commentaire, à donner son impression. Le lecteur, impatient de connaître la suite, peut être amené à penser que le récit piétine, s’enlise... et à sauter des pages !
- L’ellipse est un blanc, une absence, littéralement un trou dans le récit où le narrateur passe sous silence certains événements, escamotant du temps inutile.
Tout cela n’est que très théorique bien sûr, et ce n’est pas parce qu’un auteur livre une histoire qui se déroule au début du siècle dernier qu’il ne peut avoir recours au temps présent. Il peut décider de convier le lecteur dans un voyage dans le temps et le placer au cœur de l’action en écrivant son roman au présent. Par contre, s’il veut poser un regard critique sur un événement, une époque, rester dans la distanciation, le système verbal au passé lui permettra de conserver le recul nécessaire.
Pour finir, un petit mot sur les dialogues, pour lesquels le système verbal choisi importe peu puisqu’ils seront écrits en suivant les paramètres du système verbal du présent, car les personnages s’expriment ainsi que nous le faisons nous-mêmes en fonction de ce qui constitue leur présent à eux, à savoir celui de l’action qu’ils sont en train de vivre.
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Monique BERTHE (lundi, 13 avril 2020 14:28)
je cherchais une réponse c'est ici que je l'ais trouvée. Merci
Sandrine (lundi, 13 avril 2020 15:32)
Merci beaucoup pour ces explications :)
Christine (lundi, 13 avril 2020 16:25)
Monique et Sandrine, je suis heureuse que ces explications aient pu vous être utiles. Ce point est aussi épineux à maîtriser qu'à expliquer !
ANNA (dimanche, 19 avril 2020 19:08)
Bonjour,
Je me demande s'il est possible de mélanger du passe composé, passé simple et de l'imparfait dans un même récit.
J'ai refermé la porte...
Il referma la porte...
Je refermais la porte...
Christine (lundi, 20 avril 2020 08:49)
Bonjour Anna,
Oui, c’est tout à fait possible de trouver ces 3 temps dans un même récit au passé, mais pas tel que vous l’indiquez.
On trouvera l’imparfait et le passé simple dans la trame narrative - avec chacun une valeur différente - ainsi que dans les dialogues ; le passé composé sera, lui, cantonné aux dialogues.
Je vous donne un exemple pris dans "Le soleil se lève aussi" de Hemingway.
"Nous arrivâmes à Pampelune tard dans l’après-midi, et l’auto s’arrêta devant l’hôtel Montoya. Sur la place on tendait des fils pour illuminer la place, pendant les fêtes. "
Les actions n’ont pas la même durée : l’auto s’arrêta (action brève) ; on tendait les fils (action longue).
Dans un récit au passé, le passé composé est quant à lui fondamentalement un temps du discours. L’événement passé se prolonge par ses conséquences dans le présent de celui qui parle. En ce sens, il vaut mieux considérer que le passé composé est plus une forme composée du présent qu’un temps appartenant au passé.
J'espère que ces explications vous seront utiles.
François (vendredi, 24 avril 2020 10:43)
Avant tout bravo d'avoir décanté cette usine à gaz des temps narratifs. Avec un premier jet terminé, je voulais avoir des repères solides sur l'emploi de ces temps.
Après cette lecture, je comprends mieux les articulations, notamment celui du passé avec le passé simple. Pour faire simple je vais procéder ainsi :
Dans le passé : plus que parfait - imparfait - passé simple - futur antérieur
Dans le présent : plus que parfait - imparfait - présent - futur simple
Dans le futur : le futur simple
Bien vu les représentations des temps avec des schémas simple et facile à comprendre.
Merci encore.
François
Christine (vendredi, 24 avril 2020 11:08)
Merci, François !
C'est toujours un plaisir d'avoir un retour sur un article que j'ai écrit dans le but d'apporter une aide aux auteurs. L’expérience m’a montré que beaucoup d’entre vous achoppent sur le choix du système verbal et perdent le fil dans le cours de leur roman.
Heureuse que ce billet puisse vous aider à aborder la révision de votre 1er jet plus sereinement et à y voir plus clair dans cette "usine à gaz" comme vous le dites si justement.
Quant à l’utilité des schémas, ne dit-on pas qu’ils valent mieux que de longs discours ?
Anna (mercredi, 29 avril 2020 21:50)
Merci beaucoup de m'avoir répondu cela m'a aidé a y voir plus claire même si votre site est très bien construit je préfère toujours poser une question pour éviter de me perdre.
Bonne continuation :)
Océane (dimanche, 24 mai 2020 19:40)
Bonjour merci beaucoup. Puis-je vous demander de lire et de critiquer le début de mon roman. Pour que je vous l'envoie, pouvez-vous m'envoyer votre adresse e-mail. Je comprendrais si vous ne voulez pas.
J'espère tout de même
Christine (dimanche, 24 mai 2020 21:13)
Bonsoir Océane,
mes coordonnées se trouvent à la page Contact de mon site.
Deux choses toutefois que je me dois de préciser :
1 - Je n’interviens qu’une fois le 1er jet terminé. Il n'est pas envisageable que je puisse vous donner un avis légitime et des conseils pertinents sur un travail en cours d'écriture dont les derniers développements me sont inconnus.
2 - Mes disponibilités ne sont pas avant février 2021.
Bien à vous.
Emily (samedi, 11 juillet 2020 16:47)
Bonjour.
J'écris un roman où le narrateur est le personnage principal (narrateur-personnage), donc la plupart du temps j'écris mon récit à la 1ère personne. J'ai choisi d'écrire mon récit au présent car le narrateur vit l’événement en même temps qu’il le raconte (même si l'histoire se passe dans le passé). Cependant, j'ai eu l'idée que dans le premier chapitre de mon livre, le narrateur raconte son enfance (pour que le lecteur comprenne mieux ce que le narrateur vit en même temps qu’il le raconte dans les prochains chapitres). J'aimerais écrire ce premier chapitre au passé avant d'écrire tous les autres chapitres au présent. Mais, est-ce possible de faire cela ? Ou me conseillez-vous de l'écrire d'une autre manière ?
Christine (dimanche, 12 juillet 2020 10:51)
Bonjour Emily,
Avoir recours au présent vous limite dans votre capacité à vous déplacer librement dans le temps. Il est vrai qu'un récit au passé offre une plus grande flexibilité. Cependant, il me paraît tout à fait possible, pour ce que vous m’en dites, d’écrire le 1er chapitre au passé et de continuer au présent. Puisque vous me demandez ce que j'en pense, je verrais bien que ce 1er chapitre soit écrit au passé certes, mais par quelqu’un d’autre, un autre point de vue, et donc à la 3e personne, avant de poursuivre la narration à la 1re personne et au présent. Une sorte de prologue, si vous voulez. Ceci dit, je n'ai pas lu votre texte.
Sylvie (vendredi, 28 août 2020 19:25)
Pourriez vous me donner un récit d'au moins 15 lignes avec le présent comme temps dominant?
Christine (samedi, 29 août 2020 10:56)
Bonjour Sylvie,
Quel temps présent ? énonciation ? narration ? historique ? gnomique ?
Question subsidiaire : pourquoi 15 lignes ?
Voici les références de plusieurs romans qui pourront vous aider :
- François Bon, "Sortie d'usine" ;
- Samuel Beckett, "Molloy" ;
- certains romans de Nancy Huston ;
- "René" de Chateaubriand.
Le présent est aussi le temps d'écriture du scénario et des histoires pour jeunes enfants.
Arthur (samedi, 05 décembre 2020 16:11)
Bonjour,
ma question concerne ne concerne pas tant le temps de la narration que le lien entre le style et l'époque de l'action, mais je me permets quand même de vous la poser.
En effet, j'écris régulièrement des nouvelles historiques se déroulant dans un passé plutôt lointain (XVIIème - XVIIIème siècle), mais j'ai parfois du mal à déterminer quel style adopter quant aux répliques des personnages. Comment trouver le juste milieu entre une certaine réalité historique (expressions, tournures...) tout en restant agréable au lecteur contemporain ?
Christine (dimanche, 06 décembre 2020 13:49)
Bonjour Arthur,
Quand j’écris que les personnages s’expriment ainsi que nous le faisons nous-mêmes en fonction de ce qui constitue leur présent à eux, cela vaut aussi - peut-être avant tout - pour leur manière de s’exprimer dans les dialogues. Il faut veiller à ne pas créer là un anachronisme. Je ne peux que vous conseillez d’adopter le style de l’époque, surtout si celle-ci est lointaine. Il en va de la vraisemblance de votre roman. Vous ne voulez pas perdre le lecteur contemporain, j’en conviens et vous comprendre, mais vous ne pouvez y sacrifier la cohérence de votre texte.
Catherine (vendredi, 02 avril 2021 23:55)
Merci énormément pour ces explications. Cela m’a beaucoup aidé justement à un moment où je commençais à perdre le fil de mes idées dans mon roman.
Christine (samedi, 03 avril 2021 11:32)
Bonjour Catherine,
Heureuse que ce billet ait pu vous aider. Je l'ai voulu le moins rébarbatif possible, sans y être tout à fait parvenue, tant ce sujet-là n'est pas facile à mettre à plat. Choisir le système verbal le mieux adapté à son roman est vital, de lui dépendent, en partie, la cohérence du récit et le plaisir du lecteur.
Lucile (samedi, 24 juillet 2021 11:12)
Bonjour Catherine,
merci pour ce billet très bien construit et précis. Je commence un roman et je recherche une formation en écriture. Avez-vous des conseils?
Merci.
Christine (samedi, 24 juillet 2021 11:44)
Bonjour Lucile,
Heureuse que mon billet sur ce sujet délicat puisse vous être utile.
Votre question sur les ateliers d'écriture me fait plaisir. En effet, c'est une de celles qu'il faut se poser, tant ces ateliers sont fructueux, sans être un passage obligé. Sans hésitation, je vous en conseille quatre :
1 - Les ateliers d’écriture Les Mots, 4 rue de Dante à Paris, qui sont animés par des écrivains publiés et reconnus (Maylis de Kerangal, Elsa Flageul, Sophie Lemp, Sébastien Spitzer, Philippe Vilain, Emilie de Turckheim, etc.). Ils ont lieu sur place ou à distance. Le site : https://lesmots.co
2 - Les ateliers d'écriture de Frédérique Deghelt en Ardèche . Le site : https://www.frederiquedeghelt.com/ateliers-ecriture-2/
3 - Les ateliers « Ekrire » de Philippe Vilain. Son site : https://philippevilain90.wixsite.com/ecrire
et enfin
4 - Les ateliers de la NFR, c'est-à-dire les ateliers d’écriture de la maison Gallimard. Le site : http://www.ateliersdelanrf.fr
J'espère que vous trouverez celui qui vous convient pour vous aider dans cette belle aventure qu'est l'écriture.
joelb06@yahoo.fr (mercredi, 18 août 2021 21:34)
Votre texte est copié ici https://www.question-orthographe.fr/question/temps-roman-utilisation-du-plus-que-parfait/
joelb06@yahoo.fr dit Prince (jeudi, 19 août 2021 01:46)
Votre texte (qui ne vous créditait pas) a été supprimé du site question-orthographe (qui pille beaucoup). Désolé pour le dérangement.
Christine (jeudi, 19 août 2021 08:47)
Bonjour Joël,
C'est hélas pratique courante. Il est plus reposant de copier/coller que de créer du contenu. Cet article, en particulier, sur un sujet épineux et difficile à mettre au clair, a l'air de plaire beaucoup aux plagiaires. Merci de votre visite et de vos messages, vous ne me dérangez aucunement.
Monique (dimanche, 16 octobre 2022 16:51)
Je ne compte pas pourquoi sur l’axe du temps, vous placez le passé simple plus loin du présent par rapport à l’imparfait.
Dans une phrase comme « je marchais dans la forêt c’est alors que je vis un loup » je pouvais avoir commencé à marcher depuis des heures mais lorsque je vis le loup il était 9h55 et je raconte cela à 9h56 donc cela est plus proche du présent. Pourriez-vous m’expliquer ?
Cordialement j’attends votre réponse
Christine (lundi, 17 octobre 2022 17:27)
Bonjour Monique,
Dans le schéma très sommaire que je propose, le passé simple et l’imparfait figurent dans un bloc beige, à l'intérieur duquel leur position est interchangeable. Idéalement, j'aurais dû insérer un second bloc beige, au même niveau que le premier, où l'imparfait aurait été placé avant le passé simple — et donc plus loin du présent — dans la ligne de temps, mais je n’ai pas voulu surcharger inutilement le schéma de peur de le rendre illisible.
Comme vous le voyez, le curseur du passé simple vient couper la ligne temporelle pour matérialiser que ce temps interrompt le flux et présente une action, souvent unique, à un moment donné du passé, une action dont le début et la fin sont clairement connus ou, comme vous l’écrivez, vous avez croisé un loup à 9 h 55, pas à 8 h 45 ni à 11 h 20. À l’inverse, le curseur de l’imparfait ne coupe pas la ligne de temps, car l’imparfait est utilisé pour désigner une action qui se déroule et dure dans le passé, mais sans que l’on connaisse précisément son début et sa fin ; toujours en prenant votre exemple, on ne sait pas quand vous êtes partie vous promener pas plus qu'on ne sait quand vous sortirez de la forêt. Que vous ayez croisé le loup à 9 h 55 n’est donc pas forcément plus proche du présent, puisque vous allez continuer votre promenade, je suppose, sans rester là, en pleine forêt, sans bouger.
En voulant faire trop simple, ai-je peut-être contribué à vous embrouiller ? Vous m’en voyez navrée. En espérant que cette réponse que vous attendiez vous aide un peu.
Anaïs (mardi, 10 octobre 2023 20:05)
Bonjour Christine,
Dans un premier temps, merci pour cet article, j’écume depuis plusieurs heures internet et je suis ravie de tomber sur un article aussi complet et intéressant !
J’ai néanmoins une petite question !
On est d’accord pour dire qu’un récit antérieur à l’histoire raconté est au plus-que-parfait, mais peut-on mélanger des passages d’un évènement antérieur, du plus que parfait et du passé simple ?
Pour bien mettre en place : mon histoire est écrite au passé simple. Le héros (qui est aussi le narrateur) raconte la journée passée dans une prison et sa rencontre avec l’un des résidents. Ce résident, lui raconte justement son histoire et le héros nous la retranscrit.
Pour le premier paragraphe du souvenir(et à certains endroits du texte) j’ai utilisé le plus que parfait pour montrer le côté antérieur et lointain, mais ensuite j’ai repris les actions de narration au passé simple. Je trouve cela plus fluide et plus immersif pour le lecteur. (le plus que parfait, comme le passé composé, sont des temps assez lourds je trouve. Donc je préfère les utiliser pour accentuer et non pour narrer)
D’ailleurs, l’auteur Lovecraft dans sa nouvelle « la couleur tombée du ciel » le fait également, pourtant je n’ai rien trouvé sur internet confirmant cette règle.
Est-il donc possible (pour un texte « souvenir » assez long) de mettre des verbes au plus que parfait pour accentuer l’antériorité d’un récit tout en gardant les verbes d’action au passé simple ?
(J’espère que ma question est assez claire !)
Merci et bonne soirée.
Christine (mercredi, 11 octobre 2023 09:21)
Bonjour Anaïs,
Tout d'abord, merci de votre visite ici.
Votre question est très claire et je comprends ce qui vous chiffonne à faire un emploi sur le long terme du plus-que-parfait, même si cela se justifierait dans le cas de votre texte et même si Lovecraft est passé outre !
Oui, il est tout à fait possible d’avoir recours au passé simple dans le contexte que vous donnez. Et cela parce que vous avez pris soin d’écrire le premier paragraphe du souvenir au plus-que-parfait pour marquer l'antériorité et donc ne pas perdre votre lecteur. Je suis pareillement d’accord pour l’aspect immersif que ne permet pas le plus-que-parfait. L’essentiel est que vous ne passiez pas de l’un à l’autre sans raison. Il faut que vous donniez à votre lecteur un marqueur pour qu’il repère l’antériorité même si vous écrivez au passé simple, qu'il saisisse sans équivoque le moment où se déroule l'action et comprenne quelle est l’action antérieure rapportée. Cela peut passer par autre chose que le texte, d'ailleurs. Pensez par exemple à la typographie, l’agencement des paragraphes, un saut de ligne, etc. qui sont des subterfuges susceptibles de vous y aider. Il m’est difficile d’être plus claire sans avoir pu vous lire. J'espère avoir répondu à votre préoccupation. Bonne journée.
Anaïs (mercredi, 11 octobre 2023 20:23)
Merci pour votre retour Christine !
Je n'avais d'ailleurs pas pensé à rendre visuel le changement de temps : mettre en retrait les paragraphes souvenir ou changer la typo... merci pour l'idée !
Claire (jeudi, 16 novembre 2023 12:13)
Merci pour ces explications. Je sors de cette lecture pleinement enrichie.
Christine (jeudi, 16 novembre 2023 13:38)
Bonjour Claire,
Merci d'être passée par ici et d'avoir pris le temps de laisser un message. Je suis heureuse que ce billet, vieux de 5 ans à présent et enrichi au fil du temps, reste toujours d'actualité et d'intérêt pour les visiteurs de mon site.
Sophie (lundi, 20 novembre 2023 16:11)
Bonjour Christine et merci pour ces éclaircissements enrichissants. J'aimerai rebondir sur la question d'Anaïs le 11 octobre. Je crois avoir la même problématique. Mon récit écrit au passé est souvent entrecoupé de flashback écrit au plus que parfait. Quand ces derniers s'éternisent (narrer par exemple la soirée précédent les faits avec les dialogues de plusieurs intervenants), la lecture en est alourdie et sans m'en rendre compte je passe de moi-même à nouveau au passé-simple/imparfait. Si j'ai bien compris ce n'est pas une erreur en soit du moment qu'un paragraphe a permit d'introduire l'analepse ? Et donc finalement c'est à l'auteur de jauger de la bonne compréhension par le lecteur et du bien fondé de l'emploi des temps ? Merci à vous !
Sophie (lundi, 20 novembre 2023 16:15)
** pardon j'utilise le passé antérieur le passé antérieur pour les flashback! Il me semble avoir mit plus que parfait...
Christine (lundi, 20 novembre 2023 17:26)
Bonjour Sophie,
Votre problème ressemble à celui d’Anaïs, mais en partie seulement. Dans votre cas, le temps passé que vous avez choisi d'utiliser n'est pas du tout adéquat. C’est sûrement ce qui explique que vous glissiez imperceptiblement vers d’autres temps en cours d’écriture. Vous sentez que ça coince et vous avez raison. Je vous explique pourquoi.
Avoir recours au passé antérieur pour vos flash-back est une erreur, car ce temps s’emploie toujours pour une action brève dont l’antériorité par rapport à l'autre action est quasi immédiate. Ce n'est certainement pas le cas de vos flash-back dont vous me dites qu'ils s'éternisent.
Vous pouvez suivre l'un des conseils que j’ai donnés à Anaïs : soit donner à votre lecteur un marqueur pour qu’il repère l’antériorité sans aucune équivoque, soit user d'un stratagème comme, par exemple, un changement de police de caractères, de marges, etc. Le seul impératif est de ne pas perdre votre lecteur qui doit pouvoir se situer par rapport à votre récit, situer telle ou telle action par rapport à telle ou telle autre sans aucune ambiguïté. Il lâchera un livre trop brouillon dans sa chronologie.
Je ne peux malheureusement pas être plus claire sans avoir pu lire votre texte. Bonne fin journée.
Lyne L (vendredi, 12 janvier 2024 17:19)
Bonjour,
Merci pour ce billet !
J'ai un narrateur à la première personne qui parcourt ses journaux intimes, et raconte à la fois des évènements passés très lointains (enfance), d'autres lointains (quelques mois) et d'autres proches. Le tout dans un désordre chronologique, pour ne pas faire compliqué.
Pour l'instant, j'utilise l'imparfait avec le passé simple pour les évènements très lointains. Je pense changer le passé simple pour du passé composé.
J'utilise majoritairement le passé composé avec un peu d'imparfait pour les évènements les plus proches (qui sont souvent des commentaires sur les évènements très lointains).
En revanche, pour les évènements très lointains, je pensais utiliser le présent historique (car ces évènements sont sur un ton plus factuel avec moins d'émotions, le présent ajoute du "peps" et donne un constraste avec tout ce passé).
dans un ordre non chronologique
Qu'en pensez-vous ?
Christine (vendredi, 12 janvier 2024 18:17)
Bonjour Lyne,
Difficile au vu des très nombreux bouleversements chronologiques que vous évoquez de vous répondre de manière sûre sans vous avoir lue.
Ce que je peux toutefois m’avancer à dire, c’est qu’opter pour le passé composé pour des événements très anciens ne convient pas (voir ce que j’en dis dans le paragraphe « Le système verbal au passé : passé simple VS passé composé »). Cela vous priverait de cette solution qui est à réserver à des événements plus récents, contemporains tout en étant passés. Là le passé composé vous sera utile et doit donc être réservé à cet usage.
J’ai pareillement une grande réticence à employer le présent historique dont le lecteur se demandera ce qu’il vient faire là, alors que vous relatez des faits encore plus anciens au milieu d’un récit où se côtoient différents temps du passé. La construction de votre récit, pour intéressante et ambitieuse qu’elle soit, est quand même propice à perdre votre lecteur. Bonne fin de journée.
Lyne L (samedi, 13 janvier 2024 14:47)
Bonjour Christine,
Merci pour votre réponse. Je vous ai contacté par votre formulaire pour une lecture de mon manuscrit.
Donc si mon narrateur parle de ce qu’il se passe maintenant -> présent. Si c’est très proche du maintenant -> passé composé (et imparfait). Et si c’est très éloigné -> passé simple et imparfait.
Si je veux utiliser le présent pour des faits très éloignés, alors je dois mettre les faits qui se passent maintenant au futur ?
Pour être honnête, c’était un peu ma compréhension initiale. Cependant, quand je regarde les romans de ma librairie, je vois beaucoup de livres où l’enfance des parents/personnages sont écrites au passé composé et le plus proche au présent … (Gaël Faye petit pays, Édouard louis en finir avec Eddy bellegueule..). Sinon dans lignes de faille, Nancy Huston a tout mis au présent pour des époques différentes. C’est comme si entre chaque chapitre, entre chaque époque, elle supposait que l’histoire était vécu et écrire maintenant.
Christine (samedi, 13 janvier 2024 19:22)
Bonsoir Lyne,
J’ai reçu le message que vous m’avez adressé hier via le formulaire et y ai répondu. Ce matin, j'ai découvert un « Undelivered Mail Returned to Sender » qui m'indique que l'adresse renseignée connaît des problèmes récurrents de stockage.
Pour ce qui est des temps du récit, l’exemple de Gaël Faye est parfait, mais Petit Pays ne joue que sur deux temporalités (enfance/présent), contrairement à votre texte. Inutile de vous dire qu'il est beaucoup plus simple de gérer cela qu'une chronologie complexe basée sur trois moments de narration. Quant à Nancy Huston, elle a choisi l’option qui gomme toutes les difficultés et vous pouvez en faire autant, bien sûr. Mais c’est aussi un choix qui, personnellement, m’empêche d’entrer pleinement dans ses récits que je trouve dépourvus de nuances, où tout se situe au même niveau.
Lyne L. (samedi, 13 janvier 2024 20:50)
Bonsoir Christine,
Merci pour votre retour très pertinent. J'ai vidé le stockage donc je devrais pouvoir recevoir des messages de nouveau, si ça ne vous dérange pas de me retransmettre l'email.
J'ai eu une bêta lectrice à laquelle je n'ai transmis qu'un chapitre écrit au passé simple et qui trouvait cela un peu étrange. C'est pour ça que je pensais écrire au passé composé. Mais en définitive, elle n'avait pas lu l'intégralité, et on ne peut plaire à tout le monde !
Il est vrai que j'écris trois moments de narration, et j'aime l'idée de pouvoir nuancer ces trois moments.
Merci
Arthur (samedi, 03 février 2024 20:20)
Bonjour,
D'abord, merci énormément pour tous ces éclairages ! Je ne débarque ici qu'en 2024...
Je travaille actuellement à l'écriture de nouvelles, et bien que le genre s'y prête assez peu, je parsème mes récits de réflexions sur la vie (je suis bien souvent dans ce que l'on peut qualifier de flux de pensées). J'ai conscience qu'il faut respecter la trame narrative, néanmoins j'emploie parfois le présent et je m'interroge sur sa pertinence, comme ici dans cet exemple simple :
"J’ai adressé un sourire à l’Univers, parce que c’est le genre de choses que l’on fait lorsque l’on est heureux."
Dans ce cas, je trouverais encore plus étrange le fait de de formuler cette réflexion au passé ("parce que c'était le genre de chose que l'on faisait lorsque l'on était heureux") parce que je veux lui donner une valeur assez universaliste (et non particulier ou désuet).
Pour apporter un peu plus de sens à l'usage du présent, j'introduis plus hauts la nouvelle par les phrases suivantes : "Je suis rentré chez moi en début de soirée et, juste avant de passer le pas de la porte, j’ai regardé le ciel. On ne peut pas faire plus simple comme entrée en matière, mais c’est pourtant comme ça que les évènements qui vont suivre ont débuté. "
Compte tenu de mes réflexions récurrentes, dois-je envisager les récits majoritairement au temps présent, comme temps d'action ?
Pour le reste, j'emploie essentiellement le passé composé et l'imparfait.
Pouvez-vous m'éclairer sur tout ça s'il vous plaît ?
Cordialement,
Arthur
Christine (dimanche, 04 février 2024 12:10)
Bonjour Arthur,
Merci de passer par ici... en 2024 !
Pour répondre à votre question, toute narration est un moyen de reconfigurer le temps et c’est tant mieux ; la linéarité narrative est d’un ennui mortel !
Les textes, comme le vôtre (à ce que je crois comprendre) ou ceux de Virginia Woolf pour ne citer qu’elle, laissent place de temps à autre à l’instant, à savoir ce moment d’intense communion entre le personnage et le réel. Un moment, source de joie souvent inexpliquée, qui percute et n’appartient qu’à lui-même, et que vous avez raison d’écrire au présent dans votre phrase « J’ai adressé… », parce que le passé n’est déjà plus, le futur n’est pas encore et donc seul le temps présent s’éprouve. À mon sens et au vu de votre extrait, votre recours au présent se réfère plus au temps de la conscience de votre personnage qu'au temps de l’horloge. C’est tout à fait judicieux et c’est dans ce sens que je l’emploierais dans votre nouvelle, et non comme temps d’action comme vous l'envisagez. Cela vous permettra de faire ressentir à vos lecteurs les fluctuations de la vie intérieure de votre personnage qui se moque, évidemment et à raison, de la linéarité narrative. Pour la narration, j'éviterais donc le présent et garderais le passé, tout en m’autorisant le présent pour l’irruption de tels moments.
Bon dimanche.
Arthur (mercredi, 07 février 2024 16:59)
Merci énormément Christine ! Je vais éplucher vos carnets comme je souhaite, dans mes textes, éplucher la vie ! Mais quel gigantesque fruit !
Bonne journée
Sana (samedi, 10 février 2024 21:14)
Bonjour Christine, merci pour votre article très instructif.
J'ai une question à laquelle vous pourrez peut-être apporter une réponse, car je ne l'ai pas trouvée dans votre article et je commence à me faire des nœuds au cerveau.
Voici mon problème : j'écris des histoires dont certaines sont racontées au passé et d'autres au présent. Pour celles au passé, je n'ai pas de problème de concordance des temps lors de l'écriture.
Pour les histoires au présent… ça se complique. Lorsque le narrateur raconte une anecdote au passé, j'ai toujours du mal à savoir si je dois la mettre au passé composé ou au plus-que-parfait, ou même si j'ai le droit de mélanger les deux. Quand je me lance dans le passé composé, je finis inévitablement par dériver vers le plus-que-parfait (peut-être à cause de l'habitude d'écrire des histoires au passé ?). Quand je m'oblige à rester sur le passé composé, ça ne me semble pas naturel. Quand je saute directement du présent au plus-que-parfait et que je relis le passage ensuite, quelque chose me dérange.
Voici un exemple de passage qui me pose typiquement problème :
"Peut-être que c'est quelque chose qu'il a mangé. Peut-être que c'est le seul verre d'alcool qu'il a bu qui lui est monté à la tête trop vite. C'est forcément ça, parce qu'il refuse de croire que c'est le fait de voir J. embrasser quelqu'un d'autre qui lui retourne l'estomac à ce point.
Dire qu'il [avait] failli ne même pas venir à la fête ! Il [avait] eu mal à la tête toute la journée, et il [avait] dû présenter un exposé important de sciences ce matin, auquel il [avait] eu une mauvaise note parce que son binôme de travail, qui était censé le présenter avec lui, n'[avait] pas pris la peine de se pointer ; puis il s'[était] engueulé avec ledit binôme lorsque celui-ci [était] arrivé comme une fleur au lycée vers midi, en s'excusant vaguement d'avoir raté l'exposé car il n'avait pas entendu son réveil. Ça [avait] manqué de dégénérer en bagarre, et c'[était] J. qui s'[était] interposé pour empêcher T. de lui sauter dessus.
C'[était] aussi J. qui l'[avait] convaincu d'aller à la fête, celle que son ami donnait pour son anniversaire.
— Ça te fera du bien, a[vait]-il dit en lui serrant l'épaule pour le calmer. Tu pourras te détendre un peu."
Dans cet exemple, je me pose des questions sur tous les verbes entre crochets, que j'ai commencé par mettre au plus-que-parfait. Quand je passe le tout au passé composé, je trouve que ça sonne mal à partir de "ça avait manqué [...]". Mais mettre directement le passage au plus-que-parfait à partir de "il avait failli" me dérange aussi. Est-ce que je peux faire un mélange des deux ? (Commencer par "il a failli [...]" puis glisser sur "ça avait manqué".)
Voilà mon dilemme ! Merci d'avance si vous avez une réponse à m'apporter. ^_^
Je vous souhaite une excellente soirée.
Sana.
Christine (dimanche, 11 février 2024 11:39)
Bonjour Sana,
Tout d’abord, merci de l’intérêt que vous manifestez pour ce billet de blog qui connaît son petit succès, preuve que le sujet est épineux et soulève bien des interrogations.
Vous trouverez un début de réponse au paragraphe « Le retour en arrière : analepse ». J’y explique comment écrire un retour sur des événements passés, qui se situent avant ce que le narrateur est en train de raconter. Je sais bien que je pars du principe que le récit principal est au passé et que le vôtre est au présent / passé composé, car vos retours au passé (ce qui s'est passé au lycée) s’inscrivent, pour ce que je peux en lire, après que vous avez employé le passé composé (a mangé / a bu / est monté). Avec ces passés composés, vous êtes d'ores et déjà dans un passé proche et il est donc tout à fait logique que le plus-que-parfait vous semble naturel pour parler d'un passé plus lointain, celui de la matinée au lycée. En effet, dans votre cas l’emploi du passé composé est impossible étant donné qu’il entrerait en concurrence avec les passés composés précédents et perdrait votre lecteur qui ne saurait plus où se situer. C’est, je crois, ce qui vous arrive quand vous vous relisez. Donc, oui, tous les verbes placés entre crochets doivent être au plus-que-parfait.
J'espère avoir levé vos doutes et vous souhaite un bon dimanche.
Sana (dimanche, 11 février 2024 12:54)
Bonjour Christine,
Merci infiniment pour votre réponse qui m'aide énormément !
Je vous souhaite également un bon dimanche.
Sana
Karine marie (dimanche, 07 avril 2024 05:17)
BONJOUR
et merci pour ces explications.
si nous parlons du temps dans nos livres, je souhaite vous demander s'il est possible d'écrire tout un
livre au passé et de finir les deux derniers paragraphes au présent, quand l'action principale du livre est terminée et que les personnages principaux continuent sur une autre petite aventure (comme la visite d'un musée ou un repas de famille, etc)
histoire de marquer une cassure dans le rythme et de mieux poser cette dernière période comme sortant un peu de l'énigme principale.
Amitiés
karine (Au delà-du mystère).
Christine (lundi, 08 avril 2024 08:58)
Bonjour Karine,
Oui, c’est tout à fait possible. L’effet sera de refermer, comme on le fait d'une parenthèse, tout ce qui a été écrit précédemment au passé pour revenir au temps présent et ainsi donner l’impression que les personnages reprennent le cours que le récit au passé avait interrompu.
Merci de votre visite ici. Bonne journée.
Djemai (lundi, 08 avril 2024 21:36)
Peut-on trouver dans un roman ; le présent ; le passé composé , le passé simple, LE CONDITIONNEL l'imparfait et le plus que parfait ?
Christine (mardi, 09 avril 2024 09:19)
Bonjour Djemai,
C’est possible, bien sûr, notamment dans les romans dont la construction alterne chapitres au présent et chapitres au passé, ou ceux qui pour les besoins de l’intrigue déploient plusieurs lignes narratives sur des périodes de temps différentes.
Jean-Louis (mardi, 21 mai 2024 16:26)
Bonjour, j'ai lu avec attention votre article.
Cependant, j'ai une question concernant quelques lignes que j'ai écrites pour illustrer une photo. Je me permets de vous la poser.
Est-il possible dans ce court texte à l'imparfait d'introduire/rapporter les pensées d'une action passée au présent ? Si ce n'est pas possible, quel temps utiliser ?
" Enfant, lorsque je me retrouvais seul, il m'arrivait souvent de contempler le ciel avec l'intime conviction d'être exilé ici-bas.
Cependant, une chose m'aidait à supporter ces moments de mélancolie fugace : l'idée qu'à ce même instant, quelque part, quelqu'un avait, lui aussi, les yeux rivés vers cette immensité bleue.
"À quoi peux-tu bien ressembler, cher étranger ?"
"Aimes-tu les nuages autant que je les aime ?" "
Christine (mardi, 21 mai 2024 17:53)
Bonjour Jean-Louis,
merci d’être passé par ici.
Bien sûr, cela est tout fait possible tel que vous l’écrivez. Toutefois, pourquoi ne pas enlever le verbe « pouvoir » qui, à mon sens, alourdit sans rien apporter. Je privilégierais la force du verbe conjugué en début de phrase :
À quoi ressembles-tu, cher étranger ?
Aimes-tu les nuages autant que je les aime ?
Ou
À quoi ressembles-tu, cher étranger ?
Les nuages, les aimes-tu autant que je les aime ?
J'ai une préférence pour le 2de, mais elle appartient plus au langage parlé. N'ayant pas le contexte, je ne peux juger. À vous de voir.
Jean-Louis (mardi, 21 mai 2024 21:14)
Bonsoir Christine, je ne m'attendais pas à une réponse aussi rapide. Merci beaucoup !
Pour le contexte, il s'agit d'une photo d'un enfant de dos qui regarde le ciel. Je me suis fortement inspiré du Petit Prince. Je voulais faire ressortir une forme de candeur dans les questions, donc retirer le verbe "pouvoir" donne en effet plus de spontanéité/légèreté. C'est corrigé, merci.
Concernant votre seconde suggestion : "Les nuages, les aimes-tu autant que je les aime ?" collerait bien avec le contexte mais sonne assez familier, c'est un enfant donc ce n'est pas si choquant. Je vais y réfléchir.
Accepteriez-vous de me donner votre avis sur deux autres courts écrits ?
Je garde votre site dans mes favoris, il me sera d'une grande utilité lors de mes prochaines séances d'écriture (la concordance des temps est parfois encore compliquée pour moi).
Amicalement, JL
Christine (mercredi, 22 mai 2024 09:29)
Bonjour Jean-Louis,
Puisque nous allons sortir du cadre strict de la réponse à la thématique de cet article et que je ne souhaite pas allonger hors de toute mesure la liste des commentaires par égard aux futurs visiteurs, vous serait-il possible de me contacter via le formulaire au bas de la page Bienvenue de mon site en me précisant ce que vous entendez par « avis » et « courts » ? Merci.